=) ÉCOUTER:
Lydie Pace, Cantatrice Centrafricaine (=

par Christian Lavigne, artiste et écrivain multimédia

un extrait de "Gianni Schicchi" de Puccini
(WAV 1.2Mo)

Née à Bangui, en Centrafrique, Lydie Pace (qui porte bien le nom de "paix" de son mari d'origine italienne), n'imaginait pas devenir cantatrice. Certes, dès son plus jeune âge la musique et la danse étaient ses plus grands plaisir, comme souvent en Afrique. Mais elle se révait tout au plus "chanteuse de variété".

Lydie arrive en France à l'âge de 9 ans et fait un parcours scolaire banal qui la conduit au secrétariat. Néanmoins sa passion pour la musique reste intacte, et, un jour, sa mère l'encourage: «si tu ne devient pas chanteuse, tu seras la plus malheureuse des femmes». Elle a 22 ans, elle ne connait rien des études musicales, des conservatoires. Elle s'informe, prend ses premiers cours. Très vite ses professeurs remarquent sa tessiture et l'invitent à découvrir la musique classique.

C'est en voyant à la télévision, par hasard, des documentaires sur Mariann Anderson et Barbara Heindrick, qu'elle éprouve le choc de sa vie, la révélation de sa vocation. «Ce n'est pas parce qu'on est Noire qu'il faut obligatoirement faire du Jazz ou de la musique rythmée»! dit-elle, en ajoutant: «La musique n'a pas de frontière; il faut contribuer au métissage des cultures».

Ses proches, ses compatriotes sont d'abord étonnés de son intérêt pour "ce chant des oiseaux qui font cui-cui-cui!", mais son talent et sa conviction finissent par provoquer l'admiration de tous.

De 1993 à 1998, elle fréquente plusieurs conservatoires et collectionne les récompenses, dont le premier prix du Conservatoire National de Rueil-Malmaison. Elle joue dans La Bohème de Puccini et dans le Don Giovanni de Mozart, et se produit dans de nombreux récitals.

Lydie est une travailleuse acharnée. «Il faut plus de 10 ans pour atteindre la maturité de la voix», dit-elle. «Mon rève est de pouvoir chanter, d'ici 3 ans, le rôle d'Aïda écrit par Verdi. C'est un rôle magnifique, comme on en voudrait davantage pour des cantatrices Noires; heureusement des compositeurs d'aujourd'hui pensent à nous.»

«Il faut aussi que les artistes africains aillent de l'avant. J'ai une amie chanteuse qui m'a proposée de traduire les paroles de Carmen en Lingala. Ce projet me tient à coeur.»

Et lydie Pace de conclure par ce conseil, tiré de sa propre expérience: «Si vous avez un rève, même le plus difficile à réaliser, allez-y! N'écoutez personne!...Même si on vous dit que votre origine ou la couleur de votre peau peut vous porter prejudice!»

La vraie couleur de Lydie, c'est celle de sa voix qui nous enchante. On peut l'entendre sur son premier CD, sorti début 1999, ou mieux encore l'écouter lors de ses récitals, comme le 7 janvier au Bataclan à Paris.



crédit photo: Gilles Boyer.