Contrairement à ce peuvent croire d'un simple coup d'oeil les esprits mal informés, il n'y a pas et il n'y a jamais eu sur Terre d'Hommes Nus, c'est à dire d'hommes ou de femmes à "l'état de nature" - comme l'on disait jadis.
Sauf les rares cas d'enfants abandonnés puis recueillis par des animaux, les fameux "enfants sauvages", ou bien l'exemple de quelques ascètes,  il est impossible de trouver  des individus  qui ne portent ni marque, ni modification, ni parure corporelle, aussi discrète soient-elles. Car l'Homme se définit par sa culture, et le premier terme de cette définition est son enveloppe charnelle. Ainsi, en dehors de l'éventuelle nécessité technique de se protéger physiquement d'un environnement ou d'un climat plus ou moins hostile, affiche-t-il son appartenance sociale, religieuse, familiale...et ses choix esthétiques ou ses dispositions sexuelles.

On peut même avancer que le premier support visible d'un travail symbolique,  et de ce que nous appelons une oeuvre d'art, fut pour nos ancêtres leur propre corps: l'histoire des peintures, tatouages, scarifications, des ornements provisoires ou définitifs, du jeu avec les cheveux, les oreilles, le nez, les dents, etc., se perd dans la nuit des temps.

Ce qui, pour le genre d'observateurs inattentifs dont je parlais plus haut, est apparu en Occident depuis quelques années comme un phénomène de mode vaguement provocateur,  n'est en vérité que la résurgence de la profonde nécessité humaine de se distinguer en tant qu'espèce culturelle: je veux parler ici de la renaissance des marques et des bijoux corporels, qui dans nos pays est aussi une forme de réappropriation et de réhabilitation de la marginalité. Car chaque culture a son histoire, et la nôtre avait laissé depuis belle lurette la pratique du tatouage ou du piercing aux bagnards, aux prostituées, aux marins, aux aventuriers, et aux bannis de toute sorte.

Mais cette manière d'affirmation de soi ne relève pas seulement d'un défi personnel lancé à la société bourgeoise (qui d'ailleurs absorbe les avant-gardes le temps d'une digestion plus ou moins lente dans ses ventres de propriétaires): elle appelle au regroupement clanique, à la reconnaissance communautaire, de façon très analogue à ce qui se passe dans les "sociétés traditionnelles". On touche ici à un extraordinaire invariant de l'humanité, que bien des ethnologues ont mis en évidence: l'Homme n'existe, ne se positionne, que dans le rapport dialectique qu'il entretien avec l'altérité. Au niveau de l'individu, l'autre est un autre individu; au niveau du groupe, l'autre est un autre groupe; au niveau de l'espèce, l'autre est une autre espèce, ou un autre règne - comme disent les naturalistes.

L'Homme d'une "société traditionnelle" qui vit en contact avec la nature prend le plus grand soin à se démarquer  de la société voisine, mais aussi de ladite Nature. Dans les pays industrialisés, l'Homme urbain marque toujours sa différence sociale, son appartenance à un ou plusieurs groupes; mais il remplace la mise à distance symbolique de la Nature (devenue quasiment sans objet) par une mise à distance symbolique de la culture majoritaire, qui s'est substituée à la Nature en qualité d'environnement plus ou moins (in)amical. Voilà, de mon point de vue, ce qui se joue réellement dans ce "Work on Flesh", ce travail sur le corps, qui rend visible non seulement des choix esthétiques mais encore, et surtout, le refus absolu de l'Homme de se laisser dissoudre dans un chaos indifférencié comme dans un ordre totalitaire.


Christian LAVIGNE, décembre 2007.

Les vidéos sont diffusés en streaming format REAL 




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L'ambiance du festival 2007

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entretien avec
Nicole et Andromak
les organisatrices de l'événement

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entretien avec
Estelle RIVIERE
artiste plasticienne, créatrice de Monsterlune

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Défilé MONSTERLUNE

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entretien avec
JETHRO BARE
auteur-compositeur-interprète...
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Show Burlesque des
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