JOURNAL DE LA MISSION TM BAMAKO 1999:

création d'un CLUB MULTIMÉDIA pour les artistes et écrivains maliens
en partenariat avec AFRIBONE

le récit qui suit raconte nos activités de la fin 99 au Mali pour lancer le Club Multimédia de Bamako. Si nous avons réussi la formation d'artistes et d'auteurs maliens, nous nous sommes heurtés d'abord à l'administration malienne du gouvernement de l'époque, qui a bloqué en douane notre matériel pendant 3 mois. Nos correspondants maliens ayant fait évoluer la situation, nous avons commencé notre installation au Centre Culturel Français, dont la direction s'est avérée subitement inamicale. Après de nouvelles péripéties qui ne font pas honneur aux responsables français locaux, nous avons finalement passé un accord avec LA RUCHE A LIVRES, édition et librairie dirigée par M. Amadou Traoré, pour l'installation dans ses locaux de notre Club Multimédia artistique. Ce Club TM Bamako comprend actuellement  4 PC et divers périphériques.
C. Lavigne, Pdt de TM, Juillet 2000

L'équipe française de Toile Métisse impliquée dans la création du Club Mulimédia est arrivée à Bamako le mardi 23 novembre 1999. Elle est composée de Christian Lavigne (écrivain et artiste multimédia), de Jean-François Bonnet (ingénieur informaticien), et de Salimata Lavigne-Traoré (assistante et traductrice). Cette équipe a retrouvé au Mali son représentant Check Sow (peintre et infographiste), ainsi que ses partenaires Eric Stevance (AFRIBONE) et Yves de la Croix (CCF). Jean-François Bonnet a pour mission l'installation et la mise au point technique du Club. Nous avons apporté avec nous plus de 350kg de fret en matériels informatiques: 10 PC, une imprimante, un scanner, un appareil photo numérique, un hub ethernet, et divers consommables. Le Québécois Daniel-Jean Primeau (sculpteur et artiste multimédia) nous rejoindra une semaine plus tard. La compagnie Air France s'est associée à notre projet en réduisant nos frais de transport aérien.
Les locaux d'AFRIBONE, un des principaux fournisseurs d'accès Internet au Mali, sont situés au centre ville, dans l'un des rares "immeubles à étages". On peut dire que la ville est une sorte d'immense village coupé en deux par le fleuve Niger, aux routes cahotiques et empoussiérées par la latérite. Un vaste désordre habilement chorégraphié y règne à toute heure. On a oublié le nom du chorégraphe, mais les danseurs sont nombreux, pourvus de mille accessoires inattendus. immeuble AFRIBONE
À la tombée du jour, vers 18H, le ciel brumeux de la ville rougeoit d'un beau soleil couchant: les nuages prennent alors les couleurs d'ocre de la terre.
Jean-François Bonnet dans la "salle des machines" d'AFRIBONE, qui propose aussi des formules de radio-modem étant donné l'état du réseau téléphonique classique. Pour mémoire, on compte 1 téléphone pour 1000 habitants au Mali.
L'activité artistique la plus immédiatement perceptible de Bamako est sans doute celle des musiciens, qu'ils soient traditionnels (griots) ou "de variété" (musique ethnique modernisée). Mais le rythme et la chanson qui ne nous réjouissent absolument pas sont ceux des douanes malienne, qui, bien que prévenues de notre arrivée, n'ont absolument rien fait pour nous faciliter la tâche. C'est ainsi que notre matériel reste consigné à l'aéroport, et que commence pour nous un véritable parcours du combattant (culturel) à l'intérieur d'un labyrinthe administratif et relationnel propre à décourager les meilleures volontés. Fort heureusement, quelques personnalités recommandables nous guident, et Madame Aminata Traoré, Ministre de la Culture, nous offre son appui. 10 jours plus tard, nous n'avons toujours pas récuppéré notre matériel. Allons-nous devoir le réexpédier en France? Allons-nous devoir abandonner l'installation d'un Club Multimédia gratuit pour les créateurs maliens? Pour qu'un pays sorte de l'isolement et du sous-développement, encore faut-il que ses responsables en aient la volonté... 
Nous nous installons dans un hôtel modeste afin de limiter les "frais divers" de notre budget. Nous recommandons la formule qui consiste à consacrer plus d'argent à l'action qu'aux déplacements et cocktails en tous genres; néanmoins nous ne recommandons pas cet hôtel en particulier!
Bon nombre de nos repas sont des pique-niques dans nos chambres d'hôtels.
Le moment le plus délicat est celui de la connection de nos portables sur l'unique ligne de téléphone de l'hôtel. Nous avons dû palabrer longuement en Français et en Bambara pour convaincre la direction que nous n'allions pas détraquer la ligne (qui n'a pas besoin de nous pour celà, d'ailleurs), et que leur compteur d'unités allait AUSSI fonctionner avec cette machine qui appelle toute seule le numéro d'AFRIBONE. L'initiation à Internet du personnel de la réception par J-F Bonnet restera un moment d'anthologie. Réciproquement, j'imagine que nos interlocuteurs auraient eu plaisir à voir nos têtes dans une cérémonie de chasseurs traditionnels. La rencontre des cultures et des techniques doit d'abord se fonder sur des rapports humains de sympathie, de curiosité et de confiance.
Nous multiplions les contacts pour essayer de débloquer la situation, et de faire sortir notre matériel de la douane sans avoir à payer une taxe ou un pot de vin exhorbitant. Nous voici en compagnie de M. Sada Diarra, ancien Ministre de la Culture, humaniste véritable, dont l'intégrité, le dévouement et la gentillesse nous enchantent.
Jef est reparti sans avoir pu installer notre matériel. Il a néanmoins formé une documentaliste du Centre Culturel Français aux bases de Linux, que nous avons choisi comme système d'exploitation pour nos Clubs. Le CCF de Bamako a récemment construit une salle multimédia pour des projets voisins des nôtres. Cette salle étant sous-équipée, c'est tout naturellement que nous élaborons un accord de partenariat avec le Centre, qui sera dépositaire de nos machines. 
salle multimédia CCF
Arrivée de Daniel-Jean Primeau, venu de 0° à Montréal pour connaître les 33° de Bamako. Mais le beau temps pour les artistes n'est pas forcément du côté que l'on croit.
Nous rassemblons les artistes, écrivains et partenaires intéressés au (futur) Club Multimédia, pour les tenir informés de la situation, et pour être à l'écoute de leurs attentes et de leurs suggestions...Même sans ordinateurs, des échanges passionnants ont lieu ;-)

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