L'oeuvre, qui rappelle les transformations successives de la matière, par l'action de la nature ou par l'action de l'homme, utilise donc fort à propos diverses techniques propres au travail du plastique: découpe laser, oussage, extrusion, soufflage, coulage, injection etc.

Prenant place dans la salle du public de la Poste de Colombes, l'oeuvre participe de mes recherches en ROBOSCULPTURE : après avoir conçu par ordinateur HOMMAGE AUX PEUPLES DE LA MER selon mon esthétique des Graphènes, la composition a été digitalisée pour la découpe laser à commande numérique, de telle sorte que les éléments d'altuglas colorés qui en constituent le vocabulaire puissent être rigoureusement incrustés dans leurs 3 panneaux respectifs d'altuglas incolore. Marqueterie sans support, vitrail sans armature, les formes du triptyque semblent flotter dans l'espace. En outre, les métacrylates ont été choisis fluorescents et sont donc soumis à un éclairage en lumière noire qui accentue la singularité aquatique de l'oeuvre.

Grace à une recherche et une visualisation informatique de formes inspirées par les mathématiques et les figures symboliques de diverses cultures (les GRAPHENES), l'artiste dispose de perspectives, de plans, d'équations, décrivant ses sulptures, données qui serviront à la programmation de machines à commandes numériques, telles que celles de découpe au laser, ou de découpe à jet d'eau.

Christian Lavigne nomme cette méthode la ROBOSCULPTURE. Il y a aujourd'hui dans le monde environ une douzaine d'artistes qui travaillent ainsi. S'ignorant souvant l'un l'autre, ils se sont récemment regroupés à l'occasion d'une exposition à l'école Polytechnique, organisée par Alexandre Vitkine et Christian Lavigne, co-fondateurs d'ARS MATHéMATICA, association qui soutient le développement de cette pratique d'avenir.

Afin de mener à bien ses nouveaux projets de sculptures usinées par machines à commandes numériques, Christian Lavigne s'est adressé à l'AFPA, organisme national de formation professionnelle, qui dispose à Verdun d'une fraiseuse à 3 axes. Le Directeur de cet établissement, M. Yves Jadot, ouvert à l'innovation, permit la rencontre de l'artiste avec le responsable de formation de l'Atelier du Bois, M. Michel Thaly, qui se passionna aussitôt pour cette recherche.

Les "COUPES DELPHIQUES", ainsi nommées par allusion au trépied de la Pythie et aux offrandes commémoratives du sanctuaire de Delphes, constituent le premier résultat de cette nouvelle collaboration entre l'art, l'enseignement et l'industrie. Quelques unes d'entre elles furent réalisées en bois et altuglas, tandis qu'une pièce unique a été voulue en altuglas noir et transparent. Les matériaux sont dûs à la générosité d'ATOHAAS EUROPE, filiale d'Elf Aquitaine, dont le Directeur de la Communication, M. Jacques Vasse, est un ami fidèle des artistes.

Cette sculpture est une utilisation poétique de recherches de formes à partir du plan et de la sphère: leur mise en vibration à partir d'équations trigonométriques s'est effectuée par des choix successifs de paramètres, où l'intuition peu à peu guide vers une surprise attendue, une harmonie espérée.

Il s'agit là en vérité d'une composition musicale, par son résultat, par son thème et par sa méthode. L'oeuvre est inspirée par les mythologies archaïques du cosmos entendu comme univers sonore.

L'ordinateur en l'occurence n'est pas seulement un outil de visualisation de l'imaginaire, mais aussi une machine à produire des nombres convertibles en dimensions, en matière: la précision du rève se trouve bien servie par la technique de la stéréolithographie.

L'artiste technologique n'est seul ni dans son savoir ni dans sa pratique: il retrouve l'esprit d'un compagnonage, d'une chaine de talents nécessaires au projet. L'atelier de l'artiste technologique n'est pas un lieu unique (une tour d'ivoire!), mais un réseau, dont la qualité est d'abord humaine.

Je voudrai donc remercier ici en premier le CRÉATE de l'ÉCOLE CENTRALE, pour son accueil en la personne de M. ALAIN BERNARD, dont la patience, l'enthousiasme et l'efficacité ont seuls donné corps à notre projet; remercier ensuite notre confrère ANTON BAKKER qui a permis la visualisation 3D de l'oeuvre et son transcodage en fichiers ad hoc; remercier M. GEORGES TAILLANDIER, président de l'AFPR, pour son aide et ses conseils; remercier enfin M. ADRIAN SCHULTHESS, responsable au Centre de Recherche de CIBA-GEIGY, pour son mécénat en matériaux.

Cette oeuvre a donné lieu à un bronze, grâce à l'appui et au talent du fondeur JOEL HUGUENIN.

Il s'agissait, à l'origine, de réaliser la même œuvre en France et aux États-Unis, avec le même système de rototypage rapide (LOM / Helisys Inc.), en transférant sa description numÉrique (son fichier STL) par le réseau Internet. Les deux "originaux" auraient été présentés en même temps pour un "cocktail virtuel transatlantique" lors de l'inauguration d'InterSculpt95, grace au système de visioconférence Picturetel.

Pour diverses raisons, et en particulier un manque de temps et de coordination du côté américain, seule la partie française de l'oeuvre a été réalisée par M. Thierry Valladeau, grâce au concours de la société Parangon, dirigée par M. Pierre Auffret, qui a d'autre part permis aussi la fabrication d'une pièce de Stewart Dickson, venue des USA via Internet.

-1.(1720). Sortie d'un liquide, d'un fluide: émergence d'une source
-2.Biol. Apparition, dans une lignée animale ou végétale, d'un organe entièrement nouveau et fonctionnel.
-3.(1888). Bot. Organe saillant de la tige, recouvert par l'épiderme (aiguillon de ronce, par ex.)
-4. Philos. Apparition brusque d'une chose ou d'une notion à partir d'une autre: l'émergence de valeurs nouvelles.
-5. Opt. Point d'émergence, point d'où sort un rayon lumineux ayant traversé un mileu.

Cette oeuvre, décrite par un ensemble d'équations mathématiques, a été réalisée en altuglas par fraisage 3-axes à commande numérique, grâce à la mise en oeuvre de MICHEL DEGLAIRE, professeur à l'AFPA de VERDUN (55) dirigée par YVES JADOT.

Astarté est le nom phénicien d'Ishtar, déesse mésopotamienne ambivalente: Etoile du Matin, elle est belliqueuse; Etoile du Soir, elle est amante et voluptueuse. On trouve ses temples à Tyr, Carthage et Chypre.

Hérodote raconte que chaque femme à Babylone doit, au moins une fois dans sa vie, s'asseoir dans le temple de la déesse, et attendre qu'un étranger vienne, lui jette de l'argent, et lui dise: "Je te somme au nom de la déesse", pour le suivre et s'offrir à lui.

Ce mythe et ses rituels sont un bon exemple de métissage symbolique intemporel, compréhensible par tous. Si le culte d'Astarté s'est probablement diffusé jusqu'en Afrique, on peut, quoi qu'il en soit, y trouver un beau sujet de méditation lorsqu'on y associe l'image de la femme africaine.

D e s s i n s P r é p a r a t o i r e s

L'oeuvre a été dessinée par ordinateur, avec l'adjonction de silhouettes numérisées de jeunes femmes black.

Les fichiers ainsi créés servent à la découpe au jet d'eau de pièces d'Altuglas de fortes épaisseurs, qui sont ensuite assemblées.

Pour certains matériaux, ou bien à partir de certaines épaisseurs, la découpe au jet d'eau haute pression s'impose.

Il s'agit d'un très mince filet d'eau pure, ou additionnée de particules abrasives, qui jaillit d'une buse positionnée par un mécanisme commandé par ordinateur, avec une pression énorme qui en fait un outil de coupe d'une puissance extraordinaire.

Depuis 1985, à Bar-le-Duc, un Centre Régional d'Innovation et de Transfert de Technologies se consacre à la recherche et au développement dans cette industrie de pointe.

Sans le savoir-faire du CRITT TECHNIQUE JET FLUIDE ET USINAGE une sculpture comme ASTARTÉ est irréalisable.

D'une part le CRITT de Bar-le-duc développe des programmes informatiques originaux pour servir au contrôle de la découpe, d'autre part il possède une banque de données expérimentale unique en son genre sur les propiétés d'usinage de toutes sortes de matériaux.

Je remercie vivement pour leur contribution:

• Raphaël Masiello, Directeur du CRITT
• Yves Godefert, Directeur Technique
• Franck Legrand, Responsable Projets

Je remercie également la société ATOHAAS pour son aide soutenue en matériaux acryliques.

robosculpture en altuglas découpé au laser
créée sur Autocad™
éditée en 2 exemplaires
signés et numérotés

Cette oeuvre fait allusion à l'Afrique subsaharienne, et emprunte son titre à la dénomination de la Nubie par les égyptiens de l'Antiquité: le pays de Koush.

L'influence des cultures africaines sur la civilisation occidentale ne date certes pas de l'apparition des rythmes afro-américains! Un des fondements majeurs de l'Egypte ancienne se trouve au delà de la 3ème cataracte, dans la haute vallée du Nil, dont les créations, bien antérieures à la période pharaonique, ont toujours migré vers le Nord depuis la Préhistoire. L'Egypte dynastique propose de ce fait une sorte de modèle exemplaire du métissage des cultures, modèle qui n'est pas sans intérêt pour notre époque moderne, aux brassages mondiaux d'idées et de populations.

La sculpture évoque certains éléments traditionnels de la vie africaine: on peut y reconnaître une sorte de baobab, une case ou un grenier, un groupe de danseuses, une femme faisant une offrande, etc. Des symboles plus abstraits sont également discernables, comme la croix Ankh, résumant le principe de la vie.

Mais avant toute explication savante, cette oeuvre incite tout simplement à la réverie. La pureté des formes dessinées, des silhouettes numérisées, le choix des altuglas noirs ou transparents, les effets de lumière et la variété des points de vue possibles, sont autant d'invitations à un voyage poétique et sensuel.

robosculpture en altuglas
découpé au laser
créée sur Autocad™

J'ai programmé cet "Hommage à la Corse" à partir d'une carte très ancienne de l'Ile de Beauté (XVIe siècle), et, bien évidemment, de la figure emblématique du Maure, qui ont été digitalisées puis retravaillées. La sculpture a ensuite été découpée au laser à commande numérique, dans de l'Altuglas noir, incolore et miroir.